«  Les attaques de Nuit, ça n'a jamais été rare. J'ai toujours connu Maman sur ses gardes et prête à répliquer au premier problème. Et ça date de bien avant ma naissance. On était relativement en sécurité dans le Lupanar, mais il y avait toujours des info qui fuitaient. Et parfois, des types qui se croyaient trop malins arrivaient en brochette de douze trouduc et ça dégénérait en rixe.

Maman m'a entraîné pour ça depuis que je sais marcher. J'ai vu des cadavres tomber depuis la porte de ma chambre, et les coups de feu qui résonnent étaient aussi familiers que les piafs qui chantent. Toutes les filles savaient se défendre, et si y'a eu des nuits plus horribles que d'autres, on s'en était toujours sorti. J'ai demandé à Maman qu'on se tire d'ici, personne aurait supporté ça aussi longtemps que moi. Elle me disait que c'était pas possible, et m'a jamais dit pourquoi. Elle me disait que plus tard, moi je pourrai partir, où je voudrai, parce que j'existais nul part. Liliane Worth était officiellement morte, et j'ai toujours été tranquillement mise sous silence. Je pourrai me trouver une identité, me tirer loin du Cambodge et faire ce que je voudrais. C'est ce qu'elle m'a juré et j'étais jeune et bête, alors j'y ai cru.

Elle savait très bien mentir maman, parce qu'elle a jamais été stupide : elle savait que c'était impossible. Parce qu'elle savait d'où je venais et qu'un jour ça me reviendrait droit dans le pif.

Et ce soir là, et ça avait dégénéré beaucoup trop vite, et les types sur place parlaient anglais, d'habitude ça causait plutôt Khmer. Je suis sortie armée, je tremblais même un peu si j'dois être honnête. J'avais 15 piges, bordel. J'ai tué le premier qui venait vers moi. Mention spéciale à sa gueule d'ahuri quand il a compris qu'il partirait avec la honte d'avoir été refroidit par une chiarde.

Leur boss est arrivé vers moi, un américain. Même sous la capuche j'ai compris qu'il avait la pire gueule de connard que je verrai de ma vie. Il s'est approché, mais ma mère, retenue par un larbin lambda, s'est jeté sur lui.
Et là je l'ai vu : que Maman creverait ce soir. C'est les visions dans ma tête qui me l'ont dit. J'ai visé le type, mais gueuledecon a esquivé. Et je sais plus vraiment comment ma mère a finit la tête séparée du corps, mais je me souviens des yeux  morts écarquillés qui me regarde quand il s'approchait pour m'assommer.

« J'ai tué sa pute mais il devrait bien venir se bouger pour sa gosse... »

Wade Wilson, M'sieurs Dames.

Un mercenaire raté, un vicieux jaloux qui attaque greluche et gosse parce qu'il a pas les glaouis d'aller chercher le Terminator -son demi frangin- par la peau du cul. J'ai jamais trop compris ce qu'il espérait en m'enlevant. Mais c'était pas que ça soit moi qui le tue. Ça doit être sympa d'être naïf.

Et pourtant c'est ce que j'ai fait. Dés que j'ai flairé le bon moment je me suis enfuis. Il m'avait pété le bras droit et arraché les ongles 'pour passer le temps' mais cette ordure avait tué ma mère, et j'avais la rage au bide. Quel genre de raté se lance dans le mercenariat si il est pas capable de repérer une gamine en pyjama vert dans la neige, ça reste un mystère pour moi. Et ça a duré des heures pour trouver le moment idéal, mais je l'ai tué. J'ai vengé ma mère, même si c'était la dernière chose que j'aurait fait sur cette planète.

C'est là qu'ils ont débarqué. Deux types, face de craies, épais comme des montagnes. Mais je me suis pas défendu. Déjà parce que l'adrénaline retombée, j'avais sincèrement plus la force de bouger un muscle et parce que j'ai compris dés que je l'ai vu que c'était mon paternel.

Maman m'avait causé de Slade Wilson dit 'Deathstroke'. Je connaissais tout ce qu'il fallait savoir de son palmarès, comment ils se sont rencontrés, et pourquoi elle m'a défendu de l'approcher. Que c'est pas le genre d'homme qui laissera son travail de côté pour nous. Qu'il avait déjà une vie en Amérique et qu'une bâtarde astiat dans les pattes c'est la dernière chose dont il avait besoin. Et surtout que c'était pas le genre de vie qui rimait avec tranquillité et sécurité. Pour ma mère, j'devais savoir d'où j'viens mais je devais laissé ça où c'était : Loin de moi, loin de nous deux, et qu'on serait plus heureuses comme ça. Sauf qu'elle était plus là, que j'étais en sang et en larmes, que j'étais en train de réaliser que j'avais tué un type, et que j'avais plus de maison.

J'ai pourtant fixé Deathstroke, dans le seul œil qui lui restait. Et tout de suite vu qu'il était franchement pas heureux d'apprendre que j'existe, et encore moins de me voir.
À moins que c'était parce que Wintergreen était entrain de l'engueuler comme une merde, mais ça c'était leur problème. 

Fallait le dire plus tôt si ça arrangeait tout le monde que j'y passe. »


« Vous avez déjà essayé de faire rire le Deathstroke? Bonne putain de chance pour ça. J'ai plus de chance de le voir danser la Remigold en justaucorps à paillettes.

Deux mois à vivre avec lui, et mise à part son job, j'avais aucune sombre idée de ce qu'il aime. J'avais même aucune idée de pourquoi il m'a dit que j'irai vivre avec eux en Amérique d'un coup d'un seul. Ça puait l'arnaque, mais j'étais toute seule, sans un rond, à pleurer Maman, alors j'ai dit oui. Mais je pense pas qu'il aurait écouté si j'avais dit non. Et si j'avais dit non, j'allais littéralement crever sur mon connard d'oncle dans la neige où je l'ai laissé.

On est resté là, comme des cons à attendre qu'un miracle arrive, et que par magie la glace entre nous explose toute seule. Comme si y'avait le moyen de remplir un vide intersidéral de 15 ans. Il était pas con et moi non plus, ça allait pas se faire en causant de la pluie et du beau temps, et il avait peut être rien à me dire si ce n'est que me causer boulot, mais même ça, ça m'aurait suffit. C'est Wintergreen qui a prit les choses en mains. Slade devait aller travailler, et c'est lui qui s'est occupé de ma tronche pendant que papa ramenait l'oseille. Maman m'a dit qu'il avait des fils, alors j'ai tiré les vers du nez de Wintergreen pour avoir un nom, une adresse email, un téléphone, une photo ou même un portrait robot mais il a jamais voulu me dire quoique ce soit. J'avais peut-être des frangins et j'en savais que dalle. Je ruminais comme une âme en peine. Au moins il savait cuisiner et il me causait. Je savais qu'il voulait juste obéir à son patron, son pote -qu'est-ce j'en sais- mais au moins j'étais pas toute seule dans un pays étranger et un appartement trop grand. Il me faisait visiter un peu l'Amérique, c'était super grand pour une gamine qui sort du Cambodge. Il m'a traîné dans les boutiques pour refaire ma garde robe, la moindre des choses, vu je suis arrivée ici en Jet privé avec juste mon pyjama. On a réparé mon bras et mes ongles, et j'ai apprit que via des magouilles chelous, j'étais officiellement la gosse de Slade Wilson. J'avais même son nom.

Maman a jamais été dans la mouise pour l'argent mais tout chez Wilson pue le pognon. Y'avait que dalle à faire, alors j'ai tourné, j'ai vrillé. J'ai râlé, j'ai apprit par cœur la topo de son énorme appart -passage secret compris. J'ai même fait des flips arrière dans le salon, juste pour ne pas avoir l'impression de faire ma graisse. J'ai compté 864 voitures rouges par jour sous sa fenêtre en moyenne.
Si j'avais pas déjà les cheveux blancs, ils le seraient devenus à cause de l'ennui. J'ai très vite arrêté de chialer parce que maman reviendrait jamais de toute façon. Je savais surtout pas quoi faire de ma pauvre vie, et rester entre quatre murs à bouquiner des rapports militaires piqués dans la bibliothèque me rendait barge.

Et un jour, quand j'étais totalement guérie, Slade m'a demandé si je savais me battre.
J'ai dit oui.
Il m'a dit de lui montrer.
Je lui ai montré.
Depuis il me traîne partout avec lui.
Depuis j'ai un costume pour tabasser des types, si je les tue du premier coup j'ai une 'prime'. C'est un mot pro pour dire 'argent de poche'. Mes Noëls c'est des flingues hors de prix et des lames pures et parfaites.
Depuis on a même des discussions, quand elles durent plus de deux minutes.
Depuis je suis The Ravager
Et depuis je l'appelle Papa. »


« Je suis dans la merde. Une monumentale.
J'ai pas pu faire grand chose : ils étaient cinq autour de moi, pendant que P'pa s'occupait de descendre leur boss. Cinq c'est déjà chaud mais je peux gérer. Je peux carrément moins gérer quand dix de plus sortent de nul part. Ça puait la prépartion bien rodée : les issues étaient bloquées et les types m'en voulaient clairement.
J'ai pris deux balles dans le dos, une dans le bras, la dernière chose dont je me souviens c'est d'être tombée.

J'ai mal partout, j'essaye de compter les os intacts qu'il me reste. Trois à tout péter. Ils m'ont passé à tabac les salopards. Plus d'une douzaine sur une gosse. P'pa doit être mort de honte. J'espère que je suis déjà clamsée, j'ai pas envie de me faire engueuler en me réveillant.

Mais j'ouvre péniblement les yeux et je me fais agressée par une lumière blanche. Ça pue le sang et je sais que c'est le mien. Je suis pas à l'hosto, je reconnais vaguement l'intérieur de la bagnole du daron. P'pa et Wintergreen sont trop occupés à se gueuler dessus pour faire attention à ma pomme. C'est à propos de moi, visiblement j'en ai pas pour longtemps et ça les stresse.

Putain deux ans à m’entraîner avec Le Terminator en personne, pour crever dans un guet-apens tout pourri. J'ai voyagé, j'ai tué, j'ai vu des trucs magnifiques et des trucs absolument dégueulasses. J'ai à peine 17 balais, vous avez jamais fait de conneries vous? Je me suis battue comme une tarée pour me faire une place, j'ai enduré des tests, des exercices et des entraînements quand j'étais encore une pisseuse, alors que des tas de guerriers chevronnés en auraient chialé leur mère. Je me suis hissée au sommet alors que j'ai grandi dans le trou du cul du monde, et que le monde entier m'en veut juste parce qu'il s'avère que mon père est le mercenaire le mieux payé du monde. J'ai prouvé ma valeur, je mérite pas de finir derrière une bagnole, même si à elle toute seule elle vaut le PIB du Népal !

J'entends P'pa marmonner que c'est la seule solution, et je le vois remonter sa manche. J'aimerai leur dire d'arrêter de faire comme si j'entendais que dalle, mais je fais que cracher du sang sur les sièges en cuir. Après mûre réflexion, je suis tellement pathétique que j'aimerai plutôt qu'ils m'achèvent.

Ils sortent pour me hisser hors de la voiture, je m'entends hurler sous la douleur mais je sens plus grand chose. La dernière chose que je vois avant de tourner encore de l’œil, c'est Wintergreen me dit que je vais m'en sortir.
Je sens qu'on m'injecte un truc dans le cou et plus rien. »


« J'ai littéralement senti les pores de ma peau compressés sous le tissu. J'ai vu la lumière de ma chambre qui se reflétait sur chacun de ses cheveux. J'ai précisément vu son globe oculaire rouler dans son orbite vers moi quand je me suis réveillée.
Ma piaule était envahie de particules de poussières, et je pouvais les voir une par une.
Mon crâne était en train de trier aisément des informations qu'il était impossible d'imaginer quelques heures auparavant.
Je vois même les imperfections sur la peinture des murs, la moindre des cicatrices sur le visage à peine ridé de Papa. Je comprends mieux comment il pense, je comprends mieux pourquoi il réagit aussi vite. Je suis groggy mais j'ai plus mal. Je sais qu'il me prend pudiquement la main, j'entends très distinctement les pas de Wintergreen dans la pièce à côté. Je le fixe en attrapant sa main, j'ai probablement la tronche d'une gamine de six ans devant le Père Noël.

Je suis Rose Wilson.
Et maintenant je me sens complète. »



« J'ai les nerfs à vif. Je sens que je grimace, au point que ma salive glisse entre mes dents serrées et tombe sur la moquette de ma chambre. Je m'entends grogner en essayant de lutter sur ce qui bout dans les entrailles. Ça menace de sortir, de déborder, et de noyer le monde entier avec moi.
J'en ai besoin. Ça fait des mois que je sais que je peux plus m'en passer. Il me tient par la gorge avec cette merde. Avec son propre sang. J'en veux plus, bordel! Je veux plus qu'il me touche avec ces saloperies de seringue, je rêve de lui enfoncer la prochaine qu'il pointera vers moi dans le séant.

J'ai envie de tout exploser, de m'arracher les bras, de crever, et de le crever avec moi. Mais il refusera que j'y passe, par fierté, par connerie, par responsabilité, ou tout simplement parce qu'il est trop con, mais Slade va pas tarder à arriver avec ma dose. Il sait que j'attends, et il sait que j'ai pas le choix.

Je suis un camé de merde, dans un squat de luxe payé en or sale. Toutes les seringues que je prends me brûlent, et me rendent folle. Si je refuse de les prendre, il me laisse patauger dans la douleur, jusqu'à ce que je me vide de toute substance et il a plus qu'à piquer la carpette moche que je deviens un peu après. Ou alors il me force, ça dépend de son humeur. Je sais même plus ce qu'il se passe dans son crâne. Je sais que depuis la première, ça va de mal en pis. J'aurai préféré y passer qu'être éternellement chevillée aux caprices de mon daron.

Bientôt il restera plus rien de moi, je serai juste un grosse boule de nerf viciée, gonflée de Sérum. J'ai pas peur, je suis juste furieuse. Furieuse et dégoûtée. Je crois. Je sais même plus. Je pense plus droit quand j'ai besoin de ma dose. Il m'a menacé de me sucrer de mes missions, la seule chose qui me tient encore debout dans cette putain de vie, si jamais je continue à faire la sourde oreille.

Je le sens arrivé, et à peine il a ouvert la porte que je suis déjà sur le pied de guerre. Je lui hurle dessus, mais je sais même plus ce que je dis. Je sais que j'essaye de le cogner, mais le manque me rend faible et lui il a des énormes paluches bonnes pour me broyer. Ça m’enrage encore plus. Connard de mégalo à demi aveugle!

Je m'entends gueuler -littéralement gueuler- « Ce que tu digères pas, c'est que je suis exactement comme toi!! »

Je sais même pas pourquoi je dis ça. Dans ce genre de situation mon cerveau réponds mal, j'ai peut-être causé à côté de la plaque, ou alors peut être que j'ai visé juste, parce qu'il hausse un sourcil avant de me lâcher. À peine. Juste de quoi m'évader de sa poigne. J'ai un couteau sous mon lit -vieille habitude du Cambodge- que je saisis, et je sais pas trop comment, mais je sais très bien pourquoi.

« Tu veux que j'te montre à quel point je te ressemble, Papa?! »

Je suis déterminée à lui montrer, mais ça c'est pas nouveau. Depuis que j'ai vu sa gueule d'armoire sous la neige, je crève de devenir sa fille, et d'être digne du titre, que je porterai en bandoulière comme Miss Amérique. Et ce soir, c'est l'ultime preuve. C'est là où tout se joue, c'est le point d'orgue de ma formation. Il m'a chevillée à lui depuis que je suis née, et maintenant je vais lui prouver que je suis la seule digne à prendre sa suite.

Je m'enfonce le couteau dans l’œil gauche. Devant lui.
Je n'ai même pas mal. Ça pique à peine au milieu de l'adrénaline que tout mon corps envoie sous l'effet du manque et de la colère. Je m'entends râler quand le couteau tombe au sol, et moi je reste là. Entre ciel et terre, à marmonner entre l'écume qui pends à mes lèvres.
« Je suis comme toi, je suis comme toi, je su... »

Je suis Rose Wilson.
Et maintenant, je suis bel et bien complète. »

La jeune Rose Wilson s'est vu offrir un entraînement militaire chevronné depuis sa plus tendre enfance, par sa mère, Liliane Worth. Ex figure militaire et princesse du Cambodge avant l'invasion des Khmer Rouges.
Ainsi, d'après son propre témoignage, Rose savait parfaitement utiliser une arme de poings à 6 ans, et a lentement compléter son palmarès avec tout un florilège d'arme à feu.
Même sans les injections au sérum, la jeune métisse est née d'un super-soldat, comme en résulte ses cheveux lactés et sa silhouette robuste et musclée, beaucoup trop au goût de certains. Elle avait donc naturellement une agilité hors du commun, une souplesse d'acrobate et une force physique impressionnante, régulièrement alimentés avec des entraînements dés le berceaux. Des atouts non négligeables qui se sont décuplés depuis son addiction au Sérum. L'esprit vif d'un guerrier rodé aux technique militaire lui donne également un avantage tactique certain sur le terrain.
Depuis son entraînement avec Deathstroke et qu'elle prend part aux missions avec ce dernier, elle et familière avec les arts du taekwondo, karaté, krav maga, Ninjustu et du Bokator. Elle s'est également illustrée dans le combat aux armes blanches, et a fait sien l'art du double sabre.

Mais c'est un talent particulier qui rend Rose si exceptionnelle. Celui de Précognition. Il est aisé de deviner qu'elle le tien de naissance via la paternité de Slade Wilson et sa génétique modifiée. Ainsi, elle est capable de deviner les prochains coups de ses adversaires, et de voir très visiblement sa mort et celle de ses alliés et de l'éviter aisément. Mais Rose confie avoir du mal à le maîtriser, les visions lui apparaissent subitement et la prennent de cours. Il lui faudra du temps pour l'utiliser à pleine capacité en situation de crise.